NOUVEL OBSERVATEUR
Le 16 mai 1966, un accident sur une route d’Algérie coûte la vie à Yves Mathieu, militant anticolonialiste en Afrique noire, avocat du FLN. Viviane Candas avait 11 ans alors, Yves Mathieu était son père. Revenant sur les circonstances de cette mort, demeurées énigmatiques, la réalisatrice retrace le parcours singulier de son père et, au fil d’entretiens et d’images d’archives remarquablement intégrées, dépeint la situation chaotique de l’Algérie au lendemain de l’Indépendance.
La quantité des informations livrées en moins d’une heure trente est impressionnante. Tout autant que l’intelligence et l’habileté de leur assemblage. Le film captive de bout en bout. Il se signale aussi par une retenue, une distance, une discrétion, qui maintiennent, entre une histoire intime évoquée mezza voce et l’histoire du monde, un équilibre presque miraculeux. Dans un genre banalisé par un manque criant de discernement de la part des distributeurs, "Algérie du possible" s’apparente à une exception magnifique. A découvrir sans attendre. P.M.
TELERAMA
C'est l'histoire d'une femme qui a perdu son père et qui cherche à savoir pourquoi. Yves Mathieu, avocat anticolonialiste et militant socialiste est-il mort dans un banal accident de voiture ? Difficile d'y croire lorsque l'on sait que le camion qui l'a percuté, un jour de 1966, appartenait à l'armée algérienne.
Ce documentaire pudique ne sombre jamais dans l'accusation facile, tout en évoquant beaucoup de sujets passionnants (peut-être trop pour une durée aussi courte) : l'indépendance, le pétrole algérien, l'alphabétisation, l'autogestion, le napalm, la restitution des terres... Le tout éclairé par le commentaire sobre de la cinéaste Viviane Candas.
Voilà un film qui fâchera les quelques nostalgiques de l'Algérie française, mais rappelle à tous les autres que c'est en sondant son passé que l'on prépare l'avenir. — Pierre-Julien Marest